QU’EST-CE QUE LE

Le Zen est souvent représenté sous la forme d'un cercle effectué avec un pinceau. IL s'agit d'un cercle ouvert et réalisé avec un élan. De cette manière, il est complet et symbolise le mouvement et le changement constant de toute chose, de toute situation. 

« L'enseignement du Zen est l'enseignement de l'impermanence. Tout change, cela est vrai pour chaque être et chaque chose. Étant donné que chaque phénomène est constamment en changement il n'existe pas d'entité individuelle. Quand nous réalisons que tout change, nous y trouvons notre sérénité, nous nous trouvons dans le Nirvana. »*

*Shunryu Suzuki, Esprit zen esprit neuf

QU’EST-CE QUE JE SUIS ?

Alors, qu'est-ce que veut dire exactement ce mot impermanence, que suis-je? ou, qu'est-ce que je suis? s'il n'existe pas d'entité individuelle?

 

« Qu’est-ce que le zen ? Un jour un moine a posé cette question à un maître zen. En réponse, le maître lui a demandé : ‘’ Qui êtes-vous? ‘’(…). Qui suis-je? Vous êtes-vous déjà posé cette question? Je ne veux pas dire : ‘’Vous êtes-vous interrogé sur vous-même, sur vos intérêts, sur le genre de personne que vous êtes?’’. Mais vous êtes-vous imprégné du mystère de votre propre être pour vous demander ce que veulent dire les mots : ‘’ Je suis ‘’ ? » *

Il n'est pas nécessaire d'être quelqu'un pour être. Être, c'est connaître, naître avec ce qui est dans l'instant présent. Cela consiste à « demeurer dans je suis », d'instant en instant, dans un mouvement constant, au-delà de cette idée d'être quelqu'un séparée de la situation. Notre vraie nature est pure présence, attention pure avec le changement constant.

« La pratique du Zen, c’est l’esprit (…) du débutant. L’innocence de la première question – que suis-je ? – est nécessaire tout au long de la pratique zen (…). Les deux points essentiels dans notre pratique sont la posture et la respiration (…) le plus important est de ne pas être dualiste [moi et le monde, etc.] **

« La pratique du zen est appelée zazen. Za signifie s’asseoir et zen, (…) signifie à la fois samâdhi et ‘’ au-delà des opposés ‘’. S’asseoir en zazen, c’est donc s’asseoir au-delà des opposés ‘’ moi et le monde ‘’, ‘’ moi et toi ‘’, ‘’ moi et Dieu’’. » *** « On doit travailler(…) avec la contemplation (‘’ la contemplation signifie faire un avec tout ce qui surgit’’) ». ****

 

*Albert Low, feuillet, 2009

** Shunryu Suzuki, Esprit zen esprit neuf

***Albert Low, Que suis-je?

****Albert Low, Dans la forge du maître Hakuin

ÉVEILLER L’ESPRIT

« En général, nous ne nous connaissons pas nous-mêmes; nous connaissons des choses, des pensées, des idées, des émotions, des sentiments, mais pas nous-mêmes (…). On emploie constamment le mot ‘’ je ‘’ ; toutes nos conversations, réelles ou imaginaires, tournent autour de ‘’ je ‘’ (…). On prend le ‘’ je ‘’ pour le soi (...). La seule façon de se connaître soi-même c’est d’être, ce qui signifie oublier tout ce que l’on croit être (…). Être c’est connaître, connaître c’est la tranquillité, et ce connaître silencieux, qui est sans limites, certains l’appellent Dieu (…). Mais afin de pouvoir entrer dans cette tranquillité qui est notre propre nature, nous devons constamment briser la fascination d’être quelque chose [quelqu’un, une personne, un objet]. Voilà pourquoi on dit que la pratique [de la méditation] a deux directions : l’une vouée à éveiller l’esprit sans l’appuyer sur quoi que ce soit, l’autre à dissoudre toutes les identités créées au cours des siècles passés ».*

*Albert Low, Se connaître c’est s’oublier

L’ÉVEIL AVANT L’ÉVEIL

« La saveur soudaine et imprévue de la liberté qui se pose un moment et s’envole ensuite comme un oiseau effarouché. Le nombre de gens qui ont goûté à cette saveur est étonnant. Elle vient de toutes les façons : durant une soirée de vacances, en écoutant de la musique, en devenant amoureux, dans un moment de peine intense, pendant une maladie, dans un instant de piété profonde. Elle vient (…) et elle part. Elle est si familière et, pourtant, sa fraîcheur est à vous couper le souffle. L’instant d’un éclair, on regarde à travers une fissure de l’existence, mais c’est suffisant. Le temps viendra où cette rencontre mûrira et, tel un aimant, agira comme un guide. (…) Ce moment de non-réflexion dévoile l’éveil avant l’éveil (…).

« Un éveil en amont de la réflexion, en amont de tout conflit, dans un instant de pur connaître sans contenu, sans aucune conscience de connaître (…). L’équivalent du pur connaître peut s’appeler la paix ou même la félicité qui n’est pas ressentie, mais plutôt connue ; connaître est félicité (…). Toujours se rappeler que la félicité qu’on peut expérimentée n’est pas la félicité de l’esprit-Un. Être présent (…) ne pas s’envoler dans des états béatifiques (…) être capable de simplement respirer, inspirer, expirer, ne pas en faire toute une histoire, c’est la pratique. Et c’est la félicité ». *

« La soudaineté est la marque d’un éveil authentique ; il y a un aspect explosif qui s’y rattache. Supposons que vous êtes en train d’essayer de résoudre un problème et que soudainement la solution vous apparaît : ‘’ Ah oui ! ‘’ [l’éveil se manifeste avec une réaction du même genre qui suit la résolution soudaine d’un problème] ** « Avec le bannissement complet du concept ‘’ je ‘’, vous faites soudainement l’expérience de l’Unité. » ***


*Albert Low, Se connaître c’est s’oublier

** Albert Low, Dans la forge du maître Hakuin

*** Albert Low, Que suis-je?

PRÉSENCE EN ACTION

« Le silence est toujours présent. En plein trafic du centre-ville, au beau milieu d’une tempête qui fait rage ou d’un bombardement, le silence est toujours présent. Le silence est présence. Par là, je veux dire que le silence n’est pas seulement l’absence de son ou de bruit; ce n’est pas un manque ou une déficience. Dans le Surangama Sûtra, on trouve la question suivante : ‘’ Quand la cloche cesse de sonner, l’oreille cesse-t-elle d’entendre? ’’. « Si vous méditez sur cette question, vous en arriverez à voir que la vraie nature n’est jamais absente. Quand la cloche cesse de sonner, on entend non pas rien, mais la présence; présence qu’on peut appeler vraie nature. Mais dire qu’on ‘’entend ‘’ la présence est trompeur, parce qu’entendre c’est présence en action. Il en va de même pour voir, goûter, sentir et toucher. Connaître quelque chose, penser, avoir des idées, imaginer, tout ça est la présence en action. Mais il n’y a pas quelque chose, la présence, la présence qui entend quelque chose d’autre. La présence et l’audition sont un; la présence et ce qui est entendu aussi sont un. La présence, comme l’origine du mot l’indique, signifie ‘’ avant que quelque chose soit ‘’ - pré ‘’ avant ‘’, esse ‘’ être ‘’ ; en d’autres termes, ‘’ avant l’être ‘’ . La présence est donc omniprésente et toujours une. » *

* Albert Low, Je ne suis pas un être humain